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et l’orchestre. Immobiles dans un répertoire restreint et trop souvent étranger, ces hommes ont arrêté l’essor de l’art national. Tandis que l’État faisait instruire à ses frais nos jeunes compositeurs, pleins d’ardeur à poursuivre les destinées de leurs glorieux prédécesseurs, les directeurs paralysaient ces sacrifices, en rendant leurs théâtres inaccessibles aux talents nouveaux.

« On voit aujourd’hui les effets de ce déplorable état de choses, sciemment établi par les uns et toléré par les autres avec cette indifférence et cette légèreté funestes à notre grandeur. Devant cette unique préoccupation des recettes par les « étoiles », la paresse, le découragement se sont mis partout, chez les exécutants comme chez les compositeurs. En sacrifiant tous les intérêts à des exhibitions, annoncées et soutenues par une réclame effrénée, comment pouvait-on compter sur le bon vouloir, sur le travail, sur la discipline, sur l’espérance, sur l’enthousiasme de chacun ?

« Entrez, mon cher ami, dans l’un de nos théâtres lyriques, et vous vous rendrez facilement compte de la vérité de mes observations. On sent que, depuis des années, l’ensemble des exécutions a été né-