Boïeldieu suranné, dès qu’on a commis une opérette,
se croire un Véronèse pour avoir brossé une toile de
deux mètres, un Lamartine après quelques bouts
rimés, un Tacite quand on a prouvé que Dagobert
mettait sa culotte à l’endroit, un Vauban pour avoir
perfectionné l’art des barricades, enfin se mettre toujours
en avant et à tout propos, prétendre à tous les
emplois et à toutes les dignités, tel est l’état de maladie
où nous sommes arrivés, tel est l’orgueil de ces
borgnes devenus rois dans le domaine des aveugles.
Ces réflexions viennent souvent à l’esprit de ceux qui n’ont pas perdu l’habitude de la réflexion, de ceux qui observent d’un peu près la bataille de la vie. Elles m’ont particulièrement frappé, ces jours-ci, en comparant nos « immortels » d’aujourd’hui à leurs devanciers. On se demande en parcourant la liste des académiciens comment tant d’ivraie a pu se mêler au bon grain, et s’il ne serait pas temps d’arrêter tant de vanités inconscientes et de leur dire : Travaillez, travaillez encore, l’heure de la gloire n’a pas sonné pour vous ! Car, en vérité, si les académies continuent à se recruter comme il n’arrive que trop souvent, où trouvera-t-on bientôt cette sévérité du goût qui fait la grandeur intellectuelle d’un peuple ?
L’année recommence et les lauriers verts vont re-