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DU JAPON.

chargea de cet examen deux bonzes des plus éminents et des plus ennemis du christianisme. Il n’y eut personne qui ne regardât dès lors la religion comme perdue ; mais Dieu, qui se sert quelquefois des plus grossiers instruments pour accomplir ses volontés, voulut qu’un simple villageois chrétien, que les deux bonzes interrogèrent, trouvât dans sa foi profonde assez d’éloquence pour convertir ces docteurs ; et le P. Vilela, qui avait cru devoir s’éloigner, revint en toute hâte de Sacai, pour achever ces deux conversions éclatantes et donner le baptême à ces deux hommes qui devaient être les champions de l’idolâtrie. Ce succès inespéré eut la plus heureuse influence, et on vit accourir au baptême les hommes les plus distingués de la noblesse, parmi lesquels il faut remarquer un seigneur nommé Tacayama, qui reçut le nom de Juste sous lequel il devint célèbre par la suite.

Les affaires de la religion allaient aussi de mieux en mieux dans le Firando, bien que la cour ne s’y montrât pas favorable aux chrétiens ; le christianisme florissait toujours dans la principauté d’Omura et dans le royaume d’Arima où la mort de Xengandono avait rétabli son fils aîné sur le trône. Aussitôt le P. de Torrez courut à Cochinotzu, où il n’eut pas de peine à rendre à cette chrétienté si longtemps opprimée tout son ancien lustre. À Xi-