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HISTOIRE

ques autres princes et avec les bonzes negores, avait mis sur pied une armée de quarante mille hommes qui vint surprendre Méaco ; mais après bien des alternatives de succès et de revers, l’empereur défit tous ses ennemis et rentra vainqueur à Méaco. Pendant ces troubles, les chrétiens de la capitale, que Laurent eut le courage de visiter au fort du péril, se montrèrent sujets aussi fidèles que braves, ce qui disposa favorablement à leur égard le Cubo-Sama. Le P. Vilela ne tarda pas à revenir dans cette capitale, où il sévit entouré des néophytes les plus fervents qu’il pût désirer. Les vertus qu’ils pratiquaient avec le plus de zèle étaient précisément celles qui s’éloignent le plus des mœurs du pays ; ainsi les plus fiers des hommes en étaient devenus les plus humbles ; et on voyait les membres les plus riches de la noblesse sacrifier leur fortune pour établir des hôpitaux, eux qui, avant d’être chrétiens, se faisaient un devoir de mépriser et de maltraiter les malheureux.

Les bonzes ne purent voir sans frémir la rapide propagation de la foi chrétienne dans la capitale, et ils portèrent leurs réclamations au gouverneur qui ordonna que la doctrine des missionnaires fût soumise à deux commissaires chargés d’examiner si elle était bonne ou mauvaise. On