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DU JAPON.

fut-il arrivé dans le Bungo que tous les chrétiens, privés depuis longtemps des secours religieux, voulurent se confesser à lui, bien qu’il ne pût les entendre que par le ministère d’un interprète. Le roi Civan continuait de se montrer favorable à la religion, et il accueillit parfaitement les nouveaux, ministres de l’Évangile.

Le prince d’Omura se trouvait alors embarrassé dans une guerre avec un de ses voisins ; le P. de Torrez pria le roi de Bungo de terminer par sa médiation une lutte qui retardait les progrès de la religion. En effet, Civan mit fin à ces débats, et dès que Sumitanda fut libre de ce côté, il employa tout son zèle en faveur de la religion, et commença par abolir une fête pleine de folie et de superstition, qui se célébrait tous les ans en l’honneur des morts. Jusqu’alors tout avait réussi à ce prince, mais le ciel voulut éprouver sa vertu par des revers de fortune. Suivant une coutume inviolable dans ce pays, le prince se rendait tous les ans, à certain jour, en grand cortège, dans un temple où était la statue de son prédécesseur, et pratiquait en son honneur plusieurs cérémonies qui ressemblaient fort à un culte religieux. Le jour marqué étant venu, Sumitanda, ne regardant plus cette statue que comme une idole, la fit arracher du temple et la fit jeter au