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DU JAPON.

un navire portugais étant venu mouiller dans son port, il se repentit de ses avances, et dit publiquement qu’il n’avait besoin de faire aucun sacrifice pour attirer les marchands européens dans ses ports, qui étaient les meilleurs du Japon, et que d’ailleurs ces marchands s’inquiétaient peu de la manière dont on traitait les prêtres de leur religion. Instruit de ces propos, le P. de Torrez partit aussitôt de Bungo, et alla, pour l’honneur de la religion et celui de la nation portugaise, engager le capitaine à quitter le Firando. Il leva en effet l’ancre immédiatement, et prit le chemin de Vocoxiura, où il arriva en peu d’heures, ce port ne se trouvant, par mer, qu’à huit lieues de Firando.

Un grand nombre de chrétiens de Firando suivirent de près le supérieur à Vocoxiura, et il en arrivait chaque jour, même des royaumes les plus éloignés. Ainsi Vocoxiura, qui, peu de mois auparavant, n’avait que quelques cabanes de pêcheurs, prit la forme d’une jolie ville, à laquelle le P. de Torrez donna le nom de Notre-Dame-de-Délivrance. Quelque temps après, le prince d’Omura, qui avait été retenu à l’extrémité de ses États, vint avec un grand train visiter le nouvel établissement. Le P. de Torrez alla à sa rencontre, et le pria de lui faire l’honneur que le roi de