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HISTOIRE

les missionnaires, leur parole produisit des fruits plus abondants qu’on ne pouvait l’espérer, et leur plus grand embarras fut de trouver du temps pour satisfaire tous ceux qui voulaient être instruits.

(1561) On demandait de tous côtés au P. de Torrez des ouvriers pour annoncer l’Évangile ; mais il n’en venait point des Indes, et, pour comble de chagrin, il se vit privé du seul prêtre qu’il eût avec lui dans le Ximo. Le P. Gago avait été un des premiers que l’apôtre des Indes eût jugés dignes de prendre part aux missions du Japon ; c’est assez faire connaître ses vertus et ses mérites. Il répondit d’abord par d’éclatants succès au choix de son supérieur, mais il paraît que la position critique où il s’était trouvé à la prise de Facata avait affaibli ses facultés ; depuis ce moment, son zèle, qui ne connaissait pas de bornes, parut se refroidir ; enfin il déclara que ses infirmités ne lui permettaient pas de rester plus longtemps au Japon, et il fallut bien consentir à son départ. Il se rendit à Goa, où il continua de mener une vie irréprochable, et où il ressentit encore quelques étincelles de ce feu divin dont il avait si longtemps brûlé.

La réputation du P. Vilela n’était plus renfermée dans l’enceinte de Méaco ; il fut appelé à Sa-