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DU JAPON.

ne voulait se charger de leur transport, dans la crainte d’irriter les dieux de la mer. Ils trouvèrent cependant une mauvaise petite barque sur laquelle on consentit à les recevoir. Cette frêle embarcation parvint seule à sa destination, tandis que tous les navires qui leur avaient refusé le passage furent brisés par la tempête, ou devinrent la proie des corsaires.

Quant le P. Vilela parvint enfin à Iésan, il ne trouva plus le bonze qui avait appelé les missionnaires ; il était mort depuis quelques jours. Quelques autres bonzes semblèrent persuadés de la vérité du christianisme ; mais aucun d’eux n’osa abandonner le culte auquel il était consacré. Vilela, désespérant d’obtenir là aucun succès, se rendit à Méaco, où il obtint de l’empereur Cubo-Sama l’autorisation de prêcher ; mais les bonzes ameutèrent la populace contre les docteurs portugais en répandant sur eux les contes les plus ridicules, et la multitude les huait dès qu’ils paraissaient, en les appelant mangeurs de chair humaine. Ils eurent même à supporter des menaces et des mauvais traitements, mais enfin leur courage et leur persévérance furent récompensés ; le roi les prit hautement sous sa protection, et l’on vit même les bonzes embrasser comme à l’envi le christianisme. Dès qu’on eut consenti à entendre