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HISTOIRE

toliques du Japon réunis autour de lui dans le Bungo, résolut d’exécuter un projet qu’il avait fort à cœur depuis quelque temps. Voici ce dont il s’agissait : à six lieues de Méaco se trouve une montagne très-élevée, et qui présente un aspect délicieux ; elle se nomme Iésan. Ce lieu est pour ainsi dire consacré à la religion des Japonnais ; on y compte jusqu’à trois mille temples idolâtres et beaucoup de monastères. Parmi le nombre infini de bonzes qui habitaient ce beau pays, il y avait un Tunde qui désirait beaucoup connaître le christianisme. Il écrivit aux missionnaires que son grand âge l’empêchait de les aller trouver, mais qu’il les engageait beaucoup à venir visiter une contrée où ils avaient un si grand intérêt à établir leur religion. Le P. de Torrez se détermina alors à envoyer à Iésan le P. Vilela, Laurent et un jeune Japonnais qui devait leur servir de catéchiste. Ces courageux envoyés s’embarquèrent au mois de septembre sur un petit bâtiment qui faisait voile vers Sacai, et ce voyage fut pour eux un tissu de croix, sous le poids desquelles un courage moins ferme que le leur eût cent fois succombé. L’équipage, entièrement composé d’idolâtres, leur attribua les temps contraires qu’ils eurent à subir, les accabla d’outrages, et finit par les mettre à terre dans un petit port où personne