Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
DU JAPON.

main, elle se rendit comme les autres à la croix ; son maître, l’ayant été chercher et la voyant revenir, tira aussitôt son sabre, et l’attendit. Cette femme généreuse s’approcha de lui sans s’émouvoir, et lui présenta la tête que le barbare abattit d’un seul coup. Les chrétiens enlevèrent son corps, et lui donnèrent une sépulture honorable, en s’animant à suivre son exemple.

(1559) Le P. Vilela était à peine arrivé à Fucheo qu’il y fut rejoint par le P. Gago, qu’une nouvelle révolution avait forcé de quitter Facata. En effet, Civan, le roi de Bungo, ayant par de nombreuses conquêtes étendu son pouvoir sur les territoires qui avoisinaient son royaume, y avait joint le Chicugen ; mais le gouverneur qu’il avait donné à cette province rendit sa domination odieuse ; l’ancien roi, secondé par les mécontents, vint attaquer la ville, dont les bonzes lui ouvrirent les portes. Les missionnaires auraient succombé aux mauvais traitements dont ils furent l’objet en cette circonstance, sans l’empressement que mirent les nouveaux convertis à les défendre et à les secourir ; enfin ils parvinrent à s’échapper, et se réfugièrent à Fucheo. Dès que le peuple connut leur arrivée, il se porta en foule à leur rencontre, et les fit entrer dans la ville comme en triomphe.

Le P. de Torrez, voyant tous les ouvriers apos-