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HISTOIRE

Vilela, et ces deux missionnaires ne pouvaient suffire à baptiser tous ceux qu’ils gagnaient à l’Évangile.

Les bonzes, furieux de ces succès des prédicateurs chrétiens, essayèrent vainement de réfuter leurs raisonnements ou de calomnier leur vie ; enfin une nuit, ils firent abattre une croix que les chrétiens avaient élevée, et au pied de laquelle ils se réunissaient à certaines heures. L’indiscrétion de quelques nouveaux convertis rendit funestes les suites de cette affaire ; en effet, obéissant trop facilement à leur indignation, ils allèrent mettre le feu à une maison de bonzes, et jetèrent à la mer les idoles qu’ils avaient arrachées d’un temple païen. Les bonzes portèrent aussitôt leurs plaintes au roi, qui, n’osant pas leur refuser une satisfaction, pria le P. Vilela de sortir de ses États.

Les chrétiens avaient élevé une autre croix aux portes de la ville. Une femme esclave s’y rendait fort exactement, bien que son maître, qui était idolâtre, le lui eût défendu. Un jour il lui jura qu’il la tuerait si elle continuait à lui désobéir. La fervente chrétienne lui répondit qu’elle continuerait à le servir avec la même fidélité, mais qu’elle ne devait pas manquer à ce qu’elle devait à son Dieu, qui était son premier maître. Dès le lende-