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DU JAPON.

soin pour les Japonnais, et décidèrent de s’attacher surtout au soulagement des pauvres, sans distinction de chrétiens ou d’infidèles, en établissant des hôpitaux et en distribuant des aumônes.

Le nombre des chrétiens croissait tous les jours d’une façon surprenante ; mais leur ferveur avait quelque chose de plus merveilleux encore que leur nombre. C’était au point que, pour ne pas rester en arrière des exemples de vertu que leur donnaient leurs néophytes, les missionnaires étaient contraints à une austérité de vie dont l’excès ne pouvait être excusé que par la nécessité qui les y avait réduits. La conversion de deux bonzes célèbres dans tout le Japon, qui étaient venus de Méaco exprès pour combattre les docteurs portugais, fit à cette époque un grand éclat. Ils furent baptisés sous le nom de Paul et de Barnabé, et ils parcoururent bientôt les bourgs et les villages, semant le grain de la parole divine avec des fruits d’autant plus abondants, que le ciel y concourut plus d’une fois par des prodiges.

Une révolte qui éclata dans le royaume de Bungo fit courir un nouveau danger au christianisme ; mais son issue tourna encore à son avantage, car le roi Civan, frappé de la fidélité que lui avaient montrée ses sujets chrétiens, et de