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DU JAPON.

lement, il parla avec tant de hauteur et d’insolence, que le roi le fit chasser. Ses confrères, furieux, tentèrent de soulever une révolte parmi le peuple ; mais la fermeté du P. Xavier, qui refusa de s’embarquer, et l’attitude des Portugais fit cesser le tumulte, et les bonzes se virent réduits à demander de nouveau une dispute publique, que le roi n’accorda qu’avec peine. Il y eut quatre nouvelles conférences dans lesquelles le P. Xavier conserva toujours un avantage marqué, et même les faux prêtres, ne pouvant s’entendre entre eux sur quelques points de doctrine, furent prêts d’en venir aux mains les uns contre les autres. Le bruit de ces conférences se répandit par tout le Japon, et leur résultat fit beaucoup d’honneur à la vraie religion ; mais le saint ne put déterminer la conversion du roi, qui ne répondait à ses exhortations que par des larmes et des soupirs. Le P. Xavier s’embarqua immédiatement après, et arriva bientôt à Malaca, où le gouverneur lui rendit les plus grands honneurs.

L’apôtre des Indes, de retour à Goa, n’oubliait point les Japonnais, mais ses vues s’étendaient bien plus loin ; car, sur l’estime que ces insulaires lui avaient manifestée de la sagesse des Chinois, il s’était persuadé que l’idolâtrie tomberait d’elle même dans le Japon, s’il pouvait l’exterminer