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HISTOIRE

nent rarement, il prêchait tous les jours en chinois aux marchands de cette nation qui trafiquaient dans cette ville, quoiqu’il n’eût jamais étudié leur langue. Au bout de quelque temps, le serviteur de Dieu, se trouvant un peu de loisir, entreprit de réfuter les arguments des bonzes, qui, malgré l’animosité des sectes, s’étaient tous réunis contre leur ennemi commun. Il les défia plus d’une fois à la dispute : il se tint plusieurs conférences publiques où ces prêtres idolâtres furent confondus, et, en moins de deux mois, plus de cinq cents personnes, la plupart gens de haute distinction, reçurent le baptême.

Une belle action de Fernandez contribua beaucoup alors à déterminer quantité de personnes qui flottaient encore entre l’erreur et la vérité. Un jour que ce saint religieux prêchait dans une place publique, un homme de la lie du peuple s’approcha comme pour lui dire un mot à l’oreille, et lui couvrit le visage d’un crachat. Sans faire paraître la moindre émotion, le prédicateur s’essuya et continua son discours ; la sotte joie et l’indignation que quelques spectateurs avaient manifestées se tournèrent en admiration, et chacun se retira, plus persuadé par l’exemple d’une vertu si héroïque que par tous les raisonnements du prédicateur. Parmi ceux dont cet exemple de