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HISTOIRE

pieds-nus, au milieu des difficultés de toute espèce. Un jour qu’il était égaré, il aperçut un cavalier qui allait du côté de Méaco ; il courut à lui, le pria de vouloir bien lui servir de guide, et s’offrit à porter sa malle. Le cavalier accepta l’offre, et ne laissa pas d’aller au trot, ce qui dura presque tout le jour. Ses compagnons, qui avaient eu beaucoup de peine à le suivre de fort loin, l’ayant enfin rejoint, le trouvèrent dans un état digne de compassion ; les ronces et les cailloux lui avaient déchiré les pieds, et plusieurs plaies s’ouvrirent peu de temps après sur ses jambes.

Enfin il arriva à Méaco. Cette ville était alors environnée de ruines, qui attestaient quelle avait été sa grandeur passée, et la guerre, qui y était plus allumée que jamais, la menaçait d’une complète destruction. Le P. Xavier ne tarda pas à s’apercevoir qu’il était difficile de faire briller la lumière de l’Évangile au milieu de tous ces troubles ; il ne put même obtenir aucune audience, ni des empereurs, ni du Xaco, et, après avoir jeté quelques semences de vie au milieu de ce peuple tout occupé de factions, il prit, quoique avec bien du regret, la route de Firando.

Le saint apôtre ne resta dans cette ville qu’autant de temps qu’il lui en fallut pour se préparer à de nouveaux travaux ; et il partit pour Aman-