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DU JAPON.

mal. Deux ans après, un autre marchand portugais, nommé Alvar Vaz, étant allé trafiquer à Cangoxima, Angeroo lui fit les mêmes confidences ; Vaz, qui connaissait le P. François Xavier, et qui avait conçu une grande idée de sa sainteté et de son pouvoir auprès de Dieu, engagea le gentilhomme japonnais à l’aller trouver. Les dangers de la navigation firent d’abord hésiter Angeroo ; mais, quelque temps après, il lui arriva de tuer un homme dans une rencontre, et la crainte d’être poursuivi par la justice le détermina à s’embarquer sur le premier navire qui fit voile vers Malaca. Malheureusement il ne trouva pas le saint apôtre à Malaca, et il s’embarqua pour la Chine, avec l’intention de retourner de là dans sa patrie. Il fut quelque temps à errer dans ces mers, arrêté par les vents contraires et ses irrésolutions ; enfin il rencontra, dans le port de Chincheo, Alvare Vaz, qui le ramena à Malaca, où le P. Xavier était revenu. Les premiers embrassements du saint produisirent dans l’âme d’Angeroo un effet si merveilleux, que le Japonnais se trouva tout changé, et sentit renaître en lui une tranquillité d’esprit qu’il ne connaissait presque plus. L’apôtre, de son côté, à la vue d’un prosélyte venu de si loin, ressentit une joie dont les cœurs apostoliques sont seuls capables. Il s’imaginait déjà renfermer dans