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DU JAPON.

grande solennité. Des sectateurs zélés de ce culte se rendent chaque année en pèlerinage à un rocher escarpé et entouré de montagnes, dont l’accès est très-difficile. Les bonzes y ont dressé une machine par le moyen de laquelle ils font sortir du roc une longue barre de fer qui soutient une balance extrêmement large ; ils placent les pèlerins les uns après les autres dans un des plateaux de cette balance, et ils mettent dans l’autre un contre-poids pour établir l’équilibre ; ils poussent ensuite la barre en dehors, en sorte que la balance se trouve suspendue au-dessus du plus profond de l’abîme. Tous les autres pèlerins sont assis sur la croupe des montagnes d’alentour, d’où ils peuvent entendre le pénitent qui doit déclarer à haute voix tous ses péchés. Si les bonzes croient s’apercevoir qu’il ne parle pas nettement ou qu’il cherche à déguiser ses fautes, ils secouent la barre, et ce misérable tombe dans le précipice.

Les bonzes qui servent de ministres à ce culte et à toutes les sectes qui se subdivisent à l’infini, ont une hiérarchie et des grades différents ; le grand-prêtre se nomme Xaco, les supérieurs qui viennent après lui se nomment des Tundes ; leurs principales occupations consistent dans la prière, la prédication, dans laquelle ils montrent souvent beaucoup d’éloquence, et dans l’éducation de la