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DU JAPON.

ce qu’ils croyaient dans l’intérêt de la vérité ou de leur patrie. Leur histoire est remplie de traits de ce genre ; nous en citerons un seul. Fiogo, petite ville de la province de Setz, a un port assez bien fermé ; il est surtout mis à l’abri des vents du sud par une jetée de sable qui s’avance environ d’un mille dans la mer. On en est moins redevable, disent les annales du Japon, à l’empereur Feki, lequel y a dépensé des sommes énormes, qu’au zèle d’un particulier pour le bien public. Cet homme, voyant tous les travaux qu’on s’obstinait à faire dans ce lieu-là renversés presque aussitôt par des orages qui survenaient, et le peuple persuadé que c’était un effet de la colère des dieux de la mer, se dévoua pour les apaiser. Il se fit enterrer tout vif dans les fondations, et rien n’empêcha depuis, dit l’annaliste, qu’on n’achevât la digue.

Pour ce qui est de l’aspect extérieur, les Japonnais sont fort mal faits, et ont un air tout à fait étranger par rapport à nous. Ils ont le teint olivâtre, les yeux petits, mais moins enfoncés que les Chinois ; les jambes grosses ; la taille au-dessous de la moyenne ; le nez court, un peu écrasé et relevé en pointe ; les sourcils épais, les joues plates, les traits grossiers et très-peu de barbe, qu’ils se rasent ou s’arrachent. Les femmes ont,