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DU JAPON.

d’honneur, quelquefois fausses et souvent excessives, qu’il s’est prescrites. De là naissent la plupart des vertus et des défauts de l’un et de l’autre : le Chinois est circonspect, timide, modeste, paisible, de l’exactitude la plus scrupuleuse dans ses marques de respect envers ses supérieurs ; mais cette révérence extérieure n’est pas toujours l’indice d’une véritable affection et d’un attachement sincère à ses devoirs. La fourbe, l’usure, le larcin et le mensonge ne sont pas diffamants à la Chine. Le Japonnais, au contraire, est franc, sincère, bon ami, fidèle jusqu’au prodige, officieux, se souciant peu du bien ; aussi n’y a-t-il point de peuple policé qui soit généralement plus pauvre, mais de cette pauvreté qui produit l’indépendance, que la vertu rend respectable, et qui éleva si fort les premiers Romains au-dessus des autres hommes. Toutes les richesses de ce puissant État sont entre les mains des princes et des grands, qui savent s’en faire honneur ; la magnificence ne va nulle part plus loin, et nous n’avons peut-être rien, dans l’histoire des plus opulentes monarchies, qui soit au-dessus de ce qu’on voit en ce genre au Japon.

Le point d’honneur est également vif dans toutes les conditions ; d’où il arrive que chacun est sur ses gardes, et que tous se respectent mutuel-