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DU JAPON.

enfants de lui pardonner sa négligence à les instruire, et il termina une action si sainte par un exercice d’humilité qui fut d’une grande édification : il baisa les pieds, non-seulement aux officiers, aux matelots, aux enfants, mais aux esclaves mêmes ; après quoi il alla s’enfermer pour traiter avec Dieu de la grande affaire qu’il était sur le point d’entreprendre.

Vers le minuit, il descendit dans la chaloupe avec le capitaine et sept autres Espagnols, qui voulurent l’accompagner jusqu’à terre. Il fut en oraison pendant tout le trajet, le temps était beau et la mer calme ; toutefois on ne laissa pas d’avoir beaucoup de peine à aborder, parce que la côte se trouva fort haute et presque sans rivage. Au sortir de la chaloupe, l’homme apostolique baisa la terre et remercia Dieu de l’avoir si heureusement conduit dans un pays qui faisait depuis si longtemps l’objet de ses vœux. Il s’avança ensuite dans les terres, marchant à grands pas et suivi de ses compagnons. Il fallut enfin se séparer, et les Espagnols prirent congé de M. Sidotti. Don Miguel appareilla aussitôt par un très-bon vent, et le 18 octobre il rentrait dans le port de Manille.

On a su tout ce détail par le P. Pierre Faure, jésuite français, qui arriva aux Philippines peu de temps après le départ du capitaine, et qui, au