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DU JAPON.

s’était absolument fermé le retour aux miséricordes du Seigneur. Mais un cœur apostolique ne sait pas désespérer du salut des âmes que le fils de Dieu a rachetées de son sang, et croyant pouvoir dire à ce divin Sauveur ce que lui-même représenta à son Père en priant pour ses bourreaux, Seigneur, ils ne savent ce qu’ils font, il attend toujours le moment de la grâce. Tout ce que nous venons de rapporter n’a donc point empêché que plusieurs ouvriers évangéliques n’aient fait de temps en temps de grands efforts pour réparer les ruines d’une si belle Église. Le secret que demandaient ces tentatives n’a pas permis que nous en ayons été bien instruits, et la seule dont nous ayons appris quelques détails est celle de M. l’abbé Sidotti, ecclésiastique sicilien, d’une naissance distinguée, et un de ces hommes à qui rien ne coûte et que rien ne rebute quand il s’agit des intérêts du ciel.

Il partit d’Italie en 1702 avec monseigneur de Tournon, patriarche d’Antioche, que le pape Clément XI envoyait à la Chine avec les pouvoirs de légat à latere. Arrivé en 1707 à Manille, il y resta deux ans à étudier la langue japonnaise. Enfin, en 1709, il trouva, grâce à l’appui du gouverneur des Philippines, un capitaine qui se chargea de le débarquer sur les terres du Japon.