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HISTOIRE

seuls endroits où l’on soupçonne qu’il y ait encore aujourd’hui des chrétiens, une liste exacte de tous les habitants de tout sexe et de tout âge ; le second jour du premier mois de l’année suivante, les Ottonas, accompagnés de leurs lieutenants, du greffier et des trésoriers de chaque rue, vont de maison en maison, faisant porter par deux hommes du guet deux images, l’une de Notre-Seigneur attaché sur la croix, et l’autre de sa sainte Mère ou de tout autre saint. Tous les habitants de la maison sont appelés les uns après les autres par le greffier à qui on en a donné la liste ; et, à mesure qu’on les nomme, on leur fait mettre le pied sur les images qu’on a posées sur le plancher. On n’en excepte pas les plus petits enfants, que leurs mères ou leurs nourrices soutiennent par les bras. Ensuite, le chef de famille met son sceau sur la liste qui est portée aux gouverneurs. Quand on a ainsi parcouru tous les quartiers, les officiers eux-mêmes font le jesumi, se servent mutuellement de témoins, puis apposent leur sceau sur le procès-verbal.

(1709) Une si grande obstination dans ce peuple aveugle et une aversion si marquée du christianisme dans ceux qui le gouvernaient, devaient, ce semble, persuader les missionnaires que cette nation, ayant mis le comble à son endurcissement,