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DU JAPON.

se promener six fois l’année dans un grand enclos qui est hors de l’enceinte de la prison. Ils passaient leur temps à filer de la laine et du chanvre pour ourler les nattes, ils cousaient leurs habits avec des aiguilles de bambou, n’ayant pas la permission d’avoir aucun outil de fer. Quelques-uns travaillaient à d’autres métiers. L’argent qu’ils gagnaient par leur travail était à eux, et ils pouvaient en acheter des rafraîchissements dont ils faisaient part à leurs femmes et à leurs enfants, qui étaient renfermés comme eux, mais séparément, en sorte qu’il ne leur était pas possible d’avoir entre eux la moindre communication. Des restes du riz qu’on leur accordait pour leur subsistance, ils faisaient du sacki, ce qui était pour eux une grande douceur. On les sollicitait souvent de se tirer d’une si dure captivité en renonçant au culte de Jésus-Christ, sans qu’ils se montrassent moins fermes à confesser Jésus-Christ.

Mais, de toutes les inventions que l’enfer a suggérées aux empereurs du Japon pour abolir la religion chrétienne parmi leurs sujets, on peut bien juger qu’il n’en est pas de plus efficace que l’horrible et sacrilège cérémonie qui se nomme le jesumi. Voici en quoi elle consiste : vers la fin de l’année, on fait à Nangazaqui, dans le district d’Omura et dans la province de Bungo, les