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HISTOIRE

boisson, les meubles et tous les ustensiles dont on peut y avoir besoin. Ils en ont le privilège exclusif, aussi les vendent-ils le double et même le triple de ce que ces objets se vendent au marché. Les Hollandais sont encore obligés de payer à un très-haut prix une compagnie de cuisiniers, de valets de cuisine, d’apprentis et de porteurs d’eau. On leur permet d’avoir quelques domestiques, et cet emploi est très-recherché par le peuple de Nangazaqui ; mais ils ne peuvent servir qu’un mois ; après quoi ils cèdent leur place à d’autres qui sont envoyés à tour de rôle par chaque rue de la ville. On craindrait qu’un long séjour avec les Hollandais ne les familiarisât trop avec eux, et ne les attachât insensiblement à leurs intérêts.

Enfin il n’y a pas jusqu’aux ouvriers et aux artisans à qui il ne faille une permission spéciale pour travailler dans l’île, chaque fois que l’on y a besoin d’eux ; et il faut les payer grassement, par la raison qu’ils sont obligés de partager leurs profits avec les autres membres de leurs compagnies, et que, pour se conserver les bonnes grâces de l’Ottona et des premiers interprètes, ils doivent leur faire chaque année un présent.

Toutes ces précautions n’ont point encore paru suffisantes aux monarques japonnais ; ils ont en-