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DU JAPON.

Aussitôt qu’un navire hollandais a jeté l’ancre dans le port, on le visite avec la dernière exactitude. Il faut avoir été témoin de ce qui se passe alors pour imaginer jusqu’où les Japonnais portent en cela le scrupule ; ils vont jusqu’à sonder les planches qui forment les caisses, dans la crainte qu’on n’ait caché quelque chose dans leur épaisseur. On fait ensuite l’inventaire des marchandises, après quoi l’équipage a la liberté de descendre à terre, et il y peut demeurer jusqu’au départ des vaisseaux, c’est-à-dire trois mois au plus. Ils sont sans cesse entourés d’une multitude de surveillants et d’officiers de toute espèce qui se défient les uns des autres, qui s’espionnent mutuellement, et qui se tiennent en garde contre les Hollandais comme contre les plus grands malfaiteurs du monde.

La première garde et la principale de toutes s’appelle le Monban ou garde de la porte. Elle se lient à la porte du pont par où l’on entre dans la ville, et qui est le seul passage pour les hommes et pour les marchandises. On tient là un journal où l’on écrit tout ce qui se passe d’heure en heure, les personnes qui entrent et qui sortent, ce qui se porte dans l’île et ce qu’on transporte ailleurs ; ce journal est remis aux gouverneurs, qui ne manquent jamais de le lire. Rien