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DU JAPON.

gentilshommes le viennent complimenter. Au bout d’environ trois quarts d’heure pendant lesquels le conseil d’État s’assemble, le directeur, après avoir passé plusieurs portes et monté quelques escaliers, se trouve dans une salle obscure et très-richement ornée, où on le fait attendre encore plus d’une heure. Enfin les commissaires dont nous venons de parler conduisent le directeur seul dans la salle d’audience. L’empereur y est assis à la façon des Orientaux, sur des tapis et des nattes, qui lui font une espèce d’estrade assez élevée. Dès qu’il est entré, un des commissaires crie à haute voix : Hollanda capitain, et à ce signal, le directeur approche en se traînant avec les mains et les genoux jusqu’à un endroit qui lui est marqué, et qui le met précisément à égale distance entre le monarque et les présents de la Compagnie. Alors il se dresse sur les genoux, puis se courbe jusqu’à loucher la terre du front ; ensuite il se retire en se traînant comme il est venu, mais à reculons, et l’audience finit sans qu’il se dise un seul mot.

On appelle la salle d’audience, salle des Cent-Nattes, parce qu’elle est véritablement couverte de cent nattes, toutes de la même grandeur, c’est-à-dire d’une toise de long et d’une toise de large. L’empereur est dans une chambre assez obscure