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HISTOIRE

de mille en mille pas géométriques ; les plus petites comme les plus grandes sont plantées des deux côtés de sapins dont l’ombre est d’une grande commodité aux voyageurs ; il s’y rencontre, en outre, partout des fontaines qui entretiennent l’air dans une grande fraîcheur. Les villages les plus voisins de ces routes sont obligés de les conserver dans un état de propreté admirable. On a bâti des ponts sur toutes les rivières qui l’ont permis, et il y en a de très-longs. La plupart sont de bois de cèdre, très-solides, et si bien entretenus, qu’ils paraissent toujours comme s’ils venaient d’être achevés.

En voyage, les cavaliers, placés sur une espèce de coussin, ont les jambes croisées comme s’ils étaient assis, ou quelquefois pendantes ; un Japonnais, à cheval de cette manière, ayant sur sa tête un large chapeau de paille, et sur le corps un manteau de papier vernissé qui le protège tout entier, ainsi que son cheval, contre les ardeurs du soleil, présente, surtout de loin, un aspect assez grotesque. Le voyageur ne touche point à la bride de son cheval ; c’est un valet qui la tient, et qui marche au côté droit, en chantant pour se désennuyer et pour animer le cheval. Les femmes et souvent même les hommes voyagent dans des litières qui sont portées par des domestiques ou