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DU JAPON.

rencontre que par ceux qui l’escortent et qui mangent, pour ainsi dire, son pain. Les seigneurs et les princes du Ximo lui font à peu près les mêmes civilités qu’à leurs égaux ; nulle part on ne manque de balayer et nettoyer les chemins devant lui, et dans les villages on jette de l’eau pour abattre la poussière ; les habitants des villages le regardent passer avec un grand respect et dans un profond silence ; les petites gens lui tournent le dos, comme ne se croyant pas dignes de le regarder, usage assez commun dans toute l’Asie. Toutefois ces distinctions semblent s’adresser bien plus-au bugio qui représente les gouverneurs de Nangazaqui qu’à l’ambassadeur hollandais.

Les Hollandais trouvent du reste, pour leur argent, sur cette route, toutes les commodités qu’ils peuvent désirer ; mais on observe à leur égard une surveillance des plus incommodes. Si quelqu’un est obligé de descendre de cheval pour un besoin quelconque, tout le monde s’arrête, et le bugio, accompagné de deux espèces de sergents, met pied à terre. On ne laisse jamais un Hollandais seul un instant, pour quelque motif que ce soit. Les maîtres des auberges où le directeur doit descendre viennent à sa rencontre pour le saluer, puis ils retournent en toute hâte chez eux, où ils saluent encore les norimons en