Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
HISTOIRE

à la voile pour sortir du havre sans un congé exprès, et ce congé doit venir de la cour, qui s’est encore réservé ce droit. Lorsqu’on les charge, tout est examiné avec la dernière rigueur. D’abord deux des propriétaires de l’île, deux élèves interprètes et deux commis de l’Ottona avec quelques gens de travail vont de maison en maison et appellent tous les Hollandais dont ils ont la liste, tant ceux qui doivent demeurer à Désima, que ceux qui doivent s’embarquer pour Batavia. Ils visitent ensuite tous les coins et recoins, et examinent toutes les hardes pièce à pièce, prennent un mémoire fidèle de tout ce qu’ils trouvent, lient le tout avec des cordes de paille, y mettent leur cachet, et y joignent le mémoire de tout ce que contient le paquet pour en informer le garde de la porte, lequel, sans cela, ouvrirait le paquet pour le visiter.

Toutes les marchandises de contrebande sont confisquées, et telles sont les figures des idoles du pays ou des cuges dans leurs habits de cérémonie, les livres imprimés, les papiers, les miroirs, les métaux qui sont marqués de caractères japonnais, l’argent monnayé, certaines étoffes du pays, mais surtout les armes et tout ce qui s’y rapporte ; comme la figure d’une selle, d’une armure, d’un arc, d’une flèche, des épées et des sabres, des navires même et des bateaux.