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DU JAPON.

petit rocher ou coteau parfaitement imité sur la nature, orné d’oiseaux ou d’insectes d’airain fondu ; souvent un petit ruisseau coule du haut de ce rocher avec un doux murmure ; on y voit encore ordinairement un petit bois et un vivier plein de poissons et entouré d’arbres. Ceux-ci sont soignés avec une attention dont on ne peut se faire une idée ; plus ils sont vieux, tortus et difformes, plus on en fait de cas ; quelquefois on laisse pousser leurs branches jusqu’à ce qu’elles pénètrent dans les chambres ; mais plus souvent on les ébranche pour leur faire porter des fleurs plus larges et en plus grande quantité.

Il y a peu de pays où l’on ait plus travaillé à faciliter les voyages que dans celui-ci ; soit que l’on considère la beauté des chemins, la commodité des voitures, le grand nombre d’hôtelleries ; soit qu’on fasse attention à la multitude des valets et d’autres gens de service qu’on a presque pour rien. Les principales routes qui marquent les limites des diverses provinces sont tellement larges, que les plus grands trains des princes et des seigneurs peuvent s’y croiser sans rien déranger à l’ordre de leur marche ; or, ces trains sont quelquefois de vingt mille personnes, et quelquefois beaucoup plus nombreux encore. Toutes les routes un peu fréquentées ont les distances marquées