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HISTOIRE

tions, l’Église du Japon se soit trouvée presque absolument dénuée de pasteurs. Mais elle pleurait moins la mort de ses enfants et la perte des pasteurs que la chute déplorable de deux prêtres, à qui la crainte des tourments fit commettre la plus grande des infidélités. L’un était un Japonnais nommé Thomas Sama, et l’autre le P. Christophe Ferreyra, administrateur de l’évêché, qui, après être resté cinq heures dans la fosse, donna le funeste signal de son apostasie. Ce douloureux événement fit renouveler les calomnies que l’on avait déjà répandues contre les Jésuites, et un seul apostat fit compter pour rien quatre cents martyrs. L’ecclésiastique japonnais reconnut plus tard ses torts, et mourut martyr ; la conversion du P. Ferreyra paraît plus douteuse, quoiqu’elle soit appuyée de témoignages d’un grand poids. Du reste les prières et les larmes de la Compagnie semblèrent avoir obtenu l’apparition d’un homme dont la vie ne fut qu’une suite de prodiges, par lesquels l’apôtre du Japon voulut préparer une victime destinée à apaiser le ciel en faveur de l’apostat. Nous voulons parler du P. Mistrilli : cet illustre confesseur, né d’une des plus nobles familles de Naples, fut destiné à servir Dieu dans la Compagnie de Jésus, et dès son entrée dans la carrière, on remarqua en lui