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DU JAPON.

mieux lorsqu’il se vit maître absolu de l’empire. Il se fit nommer Toxogun-Sama, mot qui exprimait la supériorité qu’il s’attribuait sur ses prédécesseurs. L’Église du Japon, si elle avait à finir, ne pouvait périr plus glorieusement que par la main d’un tel monstre. Aussi mourut-il dans les supplices plus de chrétiens sous son règne qu’il n’en était mort depuis le commencement de la persécution. Le P. Iscida fut la première victime illustre qui périt sous ce règne ; pendant trente jours, il lassa les efforts des bourreaux du mont Ungen, et il fut enfin brûlé avec trois pères Augustins, ses compagnons de captivité.

Le P. Matthieu de Couros gouvernait alors l’Église du Japon ; il vivait renfermé dans un petit souterrain où il pouvait à peine respirer, et d’où il sortait la nuit pour aller visiter les fidèles. Enfin, accablé d’infirmités, il rendit l’âme dans la cabane d’un lépreux qui l’avait accueilli.

(1633) Ce fut à l’occasion du martyre d’un Jésuite japonnais que l’empereur inventa le supplice de la fosse, qui fut si souvent appliqué depuis ; voici en quoi il consistait : on dressait, des deux côtés d’une grande fosse, deux poteaux qui soutenaient une pièce de traverse à laquelle on attachait le patient par les pieds avec une corde passée dans une poulie. Il avait les mains liées