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DU JAPON.

de joie et d’allégresse fut changé en un jour de tristesse et de deuil.

Cependant la persécution augmentait tous les jours, et les relations des années suivantes ne présentent qu’un long et déplorable récit des cruautés qu’on exerçait sur les fidèles. Le nombre des martyrs était infini, et le détail de tout ce qu’ils eurent à souffrir fait horreur. Aux uns, on arrachait les ongles, on perçait aux autres les bras et les jambes avec des vilebrequins, on leur enfonçait des alênes sous les ongles, et quand on avait laissé leurs plaies se refermer, on recommençait les mêmes traitements. On en jetait dans des fosses pleines de vipères ; on remplissait de soufre et d’autres matières infectes de gros tuyaux, et on y mettait le feu ; puis on les appliquait au nez des patients, afin qu’ils en respirassent la fumée, ce qui leur causait une douleur intolérable. Quelques-uns étaient piqués par tout le corps avec des roseaux pointus, d’autres étaient brûlés avec des torches ardentes. Ceux-ci étaient fouettés en l’air jusqu’à ce que les os fussent tout décharnés ; ceux-là étaient attachés les bras en croix à de grosses poutres qu’on les contraignait de traîner jusqu’à ce qu’ils tombassent en défaillance. Pour faire souffrir doublement les mères, les bourreaux leur frappaient la tête avec celle de leurs enfants. On leur sciait les membres avec des