Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
DU JAPON.

corps ; on emplit ensuite des sacs de toutes les cendres, de la terre même qui avait été arrosée de sang, et on les alla vider en pleine mer. Dieu fit voir combien il s’intéressait à la gloire de ses serviteurs, par la terrible vengeance qu’il lira du cruel Xuquendain, qui avait présidé à leur supplice. Cet officier, étant un jour à table, tomba mort tout à coup, et lorsqu’on voulut le relever son corps parut grillé, comme si on l’eut tiré du feu.

Une exécution comme celle dont nous venons de faire le récit était bien plus capable d’entretenir et d’augmenter la ferveur des fidèles, que de produire l’effet espéré par les persécuteurs. Ils s’en aperçurent bientôt, aussi ils inquiétèrent moins les chrétiens, mais ils s’attachèrent à exterminer tout ce qui restait d’ouvriers évangéliques au Japon, et à empêcher qu’il n’en revînt d’autres à leur place. Dès le lendemain du grand martyre, Gaspard Cotenda, du tiers-ordre de St-Dominique, fut décapité avec onze autres chrétiens, et dans les mêmes jours, le P. Constanzo fut brûlé vif à Firando. Un grand nombre d’autres religieux de différents ordres étaient martyrisés en même temps. Dans le nombre de ces saintes victimes il faut remarquer le P. Navarro, qui fut brûlé vif, après être resté près d’une année en prison à Ximabarra. Ce religieux était au Japon depuis 1585,