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HISTOIRE

vainqueurs et vaincus étaient entrés en même temps ; le carnage et le pillage remplissaient toute la ville ; bientôt l’incendie, que personne n’avait combattu, vint ajouter de nouvelles horreurs et de nouveaux dangers à cette scène de destruction. Un grand nombre de femmes, de blessés, d’enfants et de vieillards périrent au milieu des flammes. Le P. de Torrez, qui se trouvait dans la ville, se sauva avec une peine infinie ; étant tombé dans un parti ennemi, il fut entièrement dépouillé de ses vêtements, et, s’étant encore échappé, il fit deux lieues en cet état, marchant toujours sur des corps morts, et entendant de toutes parts des gens qui criaient qu’on l’arrêtât. L’empereur n’était pas tombé aux mains de son ennemi, mais la précaution que prit le Cubo-Sama de démanteler tous les châteaux et toutes les places qui pouvaient lui servir d’asile, força ce malheureux prince à s’expatrier, et l’on croit qu’il finit ses jours dans quelque coin obscur de la Chine.

(1616) L’empereur était retourné à Suranga, où il s’occupait à satisfaire sa passion dominante, celle de thésauriser. Ce fut là qu’il mourut, vers le commencement de juin. Sa haine contre les chrétiens s’était encore augmentée, parce qu’il en avait vu un grand nombre dans l’armée de Fide-