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HISTOIRE

en a aucun dont on ne pût raconter des choses édifiantes, mais l’espace nous manque pour retracer tant de glorieux martyres. Les procès-verbaux envoyés à Rome prouvent que le nombre de ceux qui signalèrent leur courage dans cette occasion est incroyable, et pas un de ceux qui parurent devant les tribunaux ne témoigna la moindre faiblesse.

(1615) Le roi d’Arima et les fidèles eux-mêmes ne regardaient ce que nous venons d’exposer que comme le prélude de la persécution, lorsque les événemenis politiques rappelèrent ce prince auprès du Cubo-Sama, qui voyait son autorité menacée par une guerre civile. Malgré l’autorité absolue dont il jouissait sur tout le Japon, le Cubo-Sama n’était pas sans inquiétude sur la solidité de son pouvoir : il redoutait toujours en secret les droits légitimes qu’avait au trône impérial le fils de son ancien maître. Plusieurs fois il avait essayé de s’emparer de la personne de Fide-Jori, mais ses plans avaient tous échoué contre la prudence de l’impératrice-mère ; il résolut alors d’agir à force ouverte, et rassembla une armée de deux cent mille hommes. Le jeune empereur, averti à temps, se renferma dans la forteresse d’Ozaca, qui était très-bien approvisionnée, et s’y défendit avec tant d’avantage, que