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DU JAPON.

seaux et aux animaux carnassiers. Le roi, s’étant rendu à Cochinotzo pour faire exécuter les édits, trouva sur la place un grand nombre de chrétiens qui s’y étaient réunis d’eux-mêmes pour venir chercher les supplices, et qui avaient eux-mêmes apporté des cordes dans la crainte que les bourreaux n’en manquassent. Outré de colère, Safioye ordonna qu’on leur fît souffrir les plus cruels tourments. Il est impossible de décrire tout ce que l’imagination des bourreaux inventa d’atroces cruautés. On leur lia les mains derrière le dos, et, après les avoir enlevés par les bras, ainsi placés à une grande hauteur, on les laissait tomber à terre de tout leur poids augmenté par des pierres dont on les chargeait. Après un moment de relâche, on les liait de nouveau, on les brûlait, on les piquait par tout le corps ; on leur coupait les doigts des pieds les uns après les autres, on leur brisait les dents à grands coups de cailloux ; on leur crevait les yeux ; mais ce qui portait jusqu’à la rage la fureur des bourreaux, c’était de ne jamais entendre ces malheureux pousser une plainte et de les voir publier, au milieu des souffrances, les louanges du Dieu qu’on voulait les empêcher d’adorer.

De tant de courageux athlètes qui triomphèrent en cette occasion de la fureur des tyrans, il n’y