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DU JAPON.

fut presque toujours en danger de périr, et quatre Jésuites moururent dans la traversée. Enfin, ils parurent en vue de Manille ; le gouverneur envoya à leur rencontre un officier de marque sur une galère magnifiquement ornée, et les reçut avec un grand appareil, à la tête de toutes ses troupes et aux décharges de tous les canons de la place et des navires qui étaient dans le port. On logea les princes et les autres personnes de marque dans des maisons qui avaient été meublées pour eux, et on leur fit, de la part de Sa Majesté catholique, les offres les plus généreuses, mais ils répondirent unanimement qu’ils ne voulaient pas être dédommagés sur la terre de ce qu’ils avaient perdu pour la cause de Dieu. On leur assigna cependant des pensions sur le trésor royal.

(1615) Il n’y avait guère qu’un mois que les bannis étaient à Manille lorsque la joie publique fut tout à coup troublée par la maladie d’Ucondono. Ce grand homme fut d’abord attaqué d’une fièvre continue qui en peu de jours fit désespérer de sa vie. Dès qu’il sut le danger où il était, il fit appeler son confesseur, et après lui avoir témoigné le plaisir qu’il ressentait de mourir exilé pour Jésus-Christ, il ajouta : « Je ne recommande ma famille à personne ; ils ont l’honneur, aussi bien que moi, d’être proscrits pour la religion ; cela