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HISTOIRE

point qu’il ait profité de ce rayon de lumière pour rentrer dans la voie du salut.

Le Cubo-Sama et tous les grands qui partageaient sa haine des chrétiens attendaient impatiemment le départ des missionnaires, persuadés que la fermeté des fidèles était l’effet de la présence des prédicateurs de l’Évangile ; aussi hâtaient-ils de tous leurs vœux la venue de quelque navire européen. Quatre-vingt-huit Jésuites avaient été conduits à Facunda, où le gouverneur aimait mieux les garder qu’à Nangazaqui même, au milieu de cinquante mille chrétiens. Cependant vingt-huit de ces religieux avaient échappé aux recherches des commissaires et étaient répartis en différents lieux. Enfin, on contraignit tous les bannis de s’embarquer sur trois jonques chinoises assez mal équipées. Ucondono, le roi et le prince de Tamba, avec leurs familles, tous les religieux de Saint-Augustin, de Saint-Dominique et de Saint-François, avec vingt-trois Jésuites, prirent, sur un de ces bâtiments, la route des Philippines. Soixante-treize Jésuites et quantité de Japonnais de toute condition tournèrent sur deux autres du côté de Macao, et y arrivèrent en peu de jours.

Il s’en fallut bien que le premier bâtiment eût le vent aussi favorable et la mer aussi calme : il