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HISTOIRE

douloureux spectacle que la vue de tant de personnes illustres menées comme une chaîne de galériens, de ville en ville, et condamnées à n’avoir plus d’autre demeure que les bois et les montagnes, ni d’autre compagnie que les bêtes sauvages. Dans la suite, le nombre des bannis augmenta considérablement, et tout un canton, nommé Tsugaru, jusqu’alors entièrement désert, en fut peuplé. Ils y seraient morts de besoin, si les fidèles n’avaient trouvé moyen, de temps en temps, de leur faire parvenir quelques provisions.

Enfin, un nouvel édit de la cour de Suranga priva l’Église du Japon de tout ce qui lui restait de fidèles d’une haute noblesse. Juste Ucondono, l’ancien roi de Tamba, Jean Naytadono, le prince Thomas, son fils, la princesse Julie, sa sœur, et un grand nombre d’autres personnes du premier rang devaient être conduits à Nangazaqui pour être ensuite embarqués et transportés hors des terres du Japon. Ces illustres bannis se réunirent et firent ensemble le trajet, marchant à pied, malgré la rigueur de la saison et la neige qui couvrait la terre. Ils furent reçus à Nangazaqui avec toute la magnificence que les fidèles purent déployer, car la religion était encore soufferte dans cette ville, à cause du commerce dont elle était le siège.

Suchendono, roi d’Arima, continuait la persé-