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DU JAPON.

pas moins de constance que leurs persécuteurs avaient de fureur. À Méaco, le crieur public ayant proclamé dans les rues que les chrétiens allaient être brûlés vifs et qu’ils eussent à préparer leurs poteaux, il y en avait le lendemain de plantés devant toutes les portes des chrétiens, et en nombre suffisant pour les fidèles de la maison. On se saisit des principaux, hommes et femmes ; on les renferma dans des sacs faits d’un tissu de paille, dont tous les bouts étaient en dedans ; on les laissa des jours entiers sans nourriture ; on les faisait en même temps solliciter par leurs parents et par les bonzes ; mais rien ne put vaincre la courageuse résolution qui les faisait souffrir avec joie pour leur foi. À Ozaca, le même officier, voulant saper le christianisme dans ce qui devait le perpétuer, fit renfermer tous les enfants qui professaient cette doctrine et les fit fouetter cruellement ; mais tous les mauvais traitements qu’on essaya n’en ébranlèrent pas un seul.

Se flattant de réduire les chrétiens en éloignant leurs chefs, le Cubo-Sama rendit une sentence en vertu de laquelle un grand nombre des plus considérables familles chrétiennes de Méaco, de Sacai et d’Ozaca devaient être transportées dans les provinces du nord. Ce fut pour tout l’empire un