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HISTOIRE

dans le royaume d’Arima parle cruel Suchendono, ne s’éteignit pas si vite. On poursuivait tous ceux dont la vertu et le mérite donnaient plus d’ombrage ou reprochaient plus vivement au roi son apostasie. La princesse Lucie, que le roi avait répudiée, fut condamnée à l’exil comme chrétienne. Elle y passa le reste de ses jours, manquant souvent du nécessaire, mais dans un contentement qu’elle n’avait pas goûté à la cour.

Sasioye, gouverneur de Nangazaqui, excitait de tout son pouvoir Suchendono à commettre tous ces forfaits, lui promenant pour récompense la faveur du Cubo-Sama ; il devait encore l’entraîner dans un nouveau crime qui le renaît l’objet de l’exécration des païens mêmes. Le feu roi d’Arima avait eu, de son second mariage avec la reine Juste, deux enfants qui étaient restés auprès de leur frère ; l’aîné avait huit ans, et le second deux ans de moins. Ces deux enfants professaient la religion chrétienne avec un zèle et une fermeté au-dessus de leur âge. Le perfide Sasioye persuada au malheureux Suchendono que les chrétiens fondaient de grandes espérances sur ces deux enfants, qu’ils regardaient comme le sang le plus pur de leurs rois, et qu’ils mettraient quelque jour sur le trône à sa place ; il l’assura en outre que le sacrifice de ces deux enfants serait très-