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DU JAPON.

de se débarrasser d’un de leurs plus anciens défenseurs. Il envoya donc un officier et des soldats au prince exilé, avec ordre de lui couper la tête, s’il n’aimait mieux mourir en brave. Le vieux roi était revenu à ses premiers sentiments ; il fit ses dernières dispositions, pardonna à son fils et à ses ennemis, et, chargeant un de ses serviteurs de lui trancher la tête, il mourut avec la résignation d’un chrétien, encouragé jusqu’aux derniers moments par la reine Juste, son épouse.

Cette fâcheuse affaire avait fait déjà beaucoup de mal à la religion chrétienne, lorsqu’une nouvelle iniquité vint faire crever l’orage et déterminer le Cubo-Sama à éclater contre les chrétiens. Quelques Anglais avaient trouvé moyen de s’introduire à la cour de ce prince et de s’y faire bien accueillir. Ils profitèrent adroitement d’un moment où le Cubo-Sama était mécontent des Espagnols pour faire revivre toutes les craintes qu’on avait déjà conçues au Japon sur la prétendue ambition de cette nation. Ils représentèrent surtout leurs religieux comme des agents dangereux, que la plupart des princes européens avaient été obligés de chasser de leurs royaumes. Il n’en fallait pas tant pour décider le Cubo-Sama, et il déclara qu’il allait chasser de l’empire ces religieux qui inspiraient une telle défiance même dans leur pays, même à ceux qui professaient leur religion.