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HISTOIRE

sorte de dérision, chaque coup était accompagné d’un concert de flûte. Les Japonnais se retirèrent, et revinrent la nuit suivante sans plus de succès ; à leur troisième attaque, ils essayèrent de quelques brûlots qui ne produisirent aucun effet. Le vent s’était enfin un peu levé, Pessoa en profita pour sortir de la rade, mais avant qu’il se fût éloigné, les Japonnais firent un si grand effort, qu’il succomba enfin. Le roi d’Arima avait fait construire une machine en forme de tour qu’il fit porter sur deux gros bateaux ; elle avait des créneaux garnis de mousquetaires et d’archers, et elle était revêtue en dehors de peaux toutes fraîches. Pessoa, faute de vent, ne pouvait manœuvrer et fut porté par le courant dans un détroit où la machine le battit par un feu terrible et continuel. Il se défendit pourtant avec beaucoup de valeur, et ne désespérait point encore de se tirer de ce mauvais pas, lorsque le feu prit à son navire et gagna de telle sorte qu’on ne put s’en rendre maître. Jetant alors ses armes et prenant son crucifix, le capitaine s’élança à la mer et fut suivi de tous ses gens. Un instant après, le navire coula bas ; les Japonnais, au désespoir de voir une si belle proie leur échapper, tiraient sans pitié sur les Portugais, qui furent tous tués ou noyés.