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HISTOIRE

queyra, alla faire une visite au Cubo-Sama, et il en fut accueilli avec une distinction qu’il n’avait osé espérer. Il visita ensuite plusieurs provinces et fut reçu partout avec les plus grands respects, même par les infidèles. Le roi de Buygen se distingua particulièrement par les honneurs qu’il rendit à ce prélat. On comptait alors dix-huit cent mille chrétiens au Japon.

À son retour à Nangazaqui, l’évêque apprit une nouvelle qui lui donna d’abord de grandes inquiétudes. L’impératrice, mère de Fide-Jori, ayant appris que quelques dames de son palais avaient embrassé la religion chrétienne sans son consentement, s’en montra fort irritée et en porta plainte au Cubo-Sama, qui, sur sa demande, rendit un édit par lequel il était défendu aux Japonnais d’embrasser la religion des Européens. Toutefois cet édit, qui ne fut publié qu’à Ozaca, n’eut aucun effet et ne fut suivi d’aucune persécution. L’impératrice elle-même revint bientôt à des sentiments d’estime en faveur de notre sainte religion, et le Cubo-Sama se montra le même pour les missionnaires.

(1607) L’année suivante, le P. Pasio, qui exerçait les fonctions de provincial, visita le Cubo-Sama, qui lui donna deux audiences et le reçut très-favorablement. Il se rendit ensuite,