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HISTOIRE

Fingo seul était dans l’affliction, bien qu’on y comptât plus de cent mille chrétiens, dont plus de la moitié étaient entrés dans le sein de l’Église par les soins du roi Tsucamidono. Pendant la guerre civile, Canzugedono, qui possédait déjà de grandes terres dans ce royaume, avait affecté un grand zèle pour la cause du tuteur, et il en fut récompensé, ainsi qu’il l’avait espéré, par le titre de roi du Fingo. Il n’eut pas plutôt pris possession d’un si beau domaine, qu’il sembla s’être fait un point d’honneur d’y exterminer le christianisme. Il voulut forcer tous les gentilshommes de Jutenxicoro, une des villes du Fingo, d’embrasser la secte de Foquexus, et, sur le refus des chrétiens, il résolut de poursuivre sans aucun ménagement deux des principaux seigneurs, dont il s’imaginait que l’exemple avait déterminé la résistance des chrétiens à ses ordres. Sur leur refus constant de satisfaire le roi, même par la moindre marque de déférence envers les idoles, ils furent décapités sous les yeux de leurs femmes qui les encourageaient à ce noble sacrifice ; les veuves et les enfants de ces illustres martyrs furent crucifiés ensuite, et marchèrent au supplice avec une joie indicible.

Heureusement cette persécution ne semblait pas devoir s’étendre aux royaumes voisins, dont les