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HISTOIRE

rée, en rappelant les troupes qui occupaient ce pays. Le retour de cette armée rendit au christianisme de puissants protecteurs et un grand nombre de fervents prosélytes ; le nouveau gouverneur et plusieurs des régents avaient depuis longtemps témoigné les dispositions les plus favorables à l’égard des missionnaires ; il était donc permis d’espérer un moment de calme et de triomphe pour la vraie foi. Toutefois les religieux continuèrent d’agir avec beaucoup de mesure et de modération, et cette règle de conduite réussit au delà de toute espérance, car ils firent en peu de temps un grand nombre d’illustres conversions, jusque dans les provinces les plus reculées, où la religion avait fait jusque-là moins de progrès.

(1599) Un orage imprévu arrêta un peu le cours de tant d’heureux succès. La division se mit entre le tuteur du jeune empereur et les régents. L’un de ces derniers, Xibunojo, roi d’Omi, le protecteur le plus déclaré des chrétiens, était à la tête du parti opposé à Daysu-Sama ; mais, abandonné par ses collègues, il fut obligé de se démettre de la régence et de se retirer dans ses États. La disgrâce de ce prince causa beaucoup de regrets aux chrétiens ; en même temps le roi de Firando commença à les persécuter pour les