Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
HISTOIRE

ils les embrassèrent tendrement, et le P. Baptiste, qui était comme le chef de cette troupe de martyrs, se plut à reconnaître en ce moment suprême que ses frères et lui avaient été indignement trompés, quand ils s’étaient laissé prévenir contre les missionnaires portugais.

Vingt-six croix avaient été élevées sur une montagne qui entoure presque entièrement Nangazaqui, et qui, depuis cette époque, fut appelée le Mont des Martyrs ou la sainte Montagne. Le P. Pasio et le P. Rodriguez attendaient les confesseurs à l’ermitage de Saint-Lazare, qui se trouvait sur leur passage ; ils les confessèrent et reçurent leurs vœux. Les martyrs se rendirent ensuite sur la colline, où on les attendait ; ils montraient une vive allégresse, et dès qu’ils aperçurent leurs croix ils coururent les embrasser.

Les croix du Japon ont vers le bas une pièce de bois en travers sur laquelle les patients ont les pieds posés, et au milieu une espèce de billot sur lequel ils sont assis. On les attache avec des cordes par les bras, par le milieu du corps, par les cuisses et par les pieds, qui sont un peu écartés. On ajouta aux martyrs un collier de fer. On élève ensuite la croix, et le bourreau perce le côté du patient d’un coup de lance ; il redouble ses coups si le crucifié respire encore.