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DU JAPON.

(1597) Le 3 janvier, les vingt-quatre prisonniers furent conduits sur une place de Méaco, où on leur coupa à chacun un bout de l’oreille gauche, Xibunojo n’ayant pu se résoudre à les faire défigurer, comme l’ordonnait l’arrêt. On les fit ensuite monter trois à trois dans des charrettes, et on les promena de rue en rue. Cette exposition, qui est pour les coupables un traitement ignominieux, fut pour les confesseurs de Jésus-Christ l’occasion d’un véritable triomphe. Le peuple criait à l’injustice, et les autres chrétiens les suivaient, en suppliant leurs gardes de leur faire partager le sort des martyrs. Le lendemain, on les fit partir pour Sacai, où ils furent traités de la même manière. On les fit ensuite partir par terre au milieu de l’hiver, quoique le voyage eût été beaucoup plus facile par mer ; deux fervents chrétiens, Cosaqui et Danto, qui les avaient suivis pour chercher à soulager leurs souffrances, furent joints aux autres prisonniers par le commandant de l’escorte, et ils en eurent une joie inexprimable. Les martyrs prêchaient Jésus-Christ avec beaucoup de zèle dans tous les lieux de leur passage, et ils firent encore en cette circonstance d’éclatantes conversions.

Deux Jésuites de Nangazaqui avaient été envoyés par révoque à la rencontre des prisonniers ;