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HISTOIRE

damnait à être crucifiés à Nangazaqui. Les condamnés de Méaco étaient au nombre de dix-sept, cinq religieux de Saint-François et douze laïques, la plupart domestiques ou catéchistes de ces Pères. Comme on les appelait tous par leur nom, l’un d’eux, nommé Matthias, ne se trouva pas ; il était allé faire quelques emplettes pour le couvent, car on leur avait laissé la liberté sur parole. Alors un bon artisan du voisinage, qui portait le même nom, entendant appeler Matthias, s’approcha, déclara qu’il était chrétien et fort disposé à mourir pour son Dieu. Les gardes, voulant que leur liste fût complète, le joignirent, à sa grande joie, aux autres confesseurs de Jésus-Christ. On envoyait en même temps d’Ozaca à Méaco les sept chrétiens arrêtés dans cette ville ; il s’y trouvait les trois Jésuites dont nous avons parlé, un religieux de Saint-François et trois séculiers. Parmi les chrétiens condamnés à mourir, il y avait trois enfants ; l’un se nommait Louis, et n’avait que douze ans ; les deux autres, Antoine et Thomas, n’en avaient pas plus de quinze. Il n’eut tenu qu’à eux de ne pas être portés sur la liste fatale, mais ils firent tant par leurs larmes et leurs prières, qu’ils obtinrent cette satisfaction, et ils continuèrent jusqu’au dernier moment à étonner les infidèles par leur constance et leur ferveur.